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Contrefaçon horlogère, passé, présent et futur, par Fabrice Guéroux

Contrefaçon horlogère, passé, présent et futur, par Fabrice Guéroux

Le 12.03.25

Une nouvelle conférence passionnante sur un thème si sensible pour notre industrie !

Ce mercredi 12 mars, nous avons eu le plaisir d’accueillir Fabrice Guéroux, un passionné d’horlogerie dont la conférence a suscité un vif intérêt parmi nos membres, venus nombreux pour l’occasion.

Expert en authentification horlogère, Fabrice Guéroux collabore notamment avec les services douaniers français et la Section de recherche de la gendarmerie nationale, dans le cadre de conférences et d’ateliers de formation sur la détection de contrefaçons horlogères, ainsi que lors d’interventions sur le terrain. Des maisons de ventes aux enchères font également appel à lui pour rédiger des rapports d’expertise détaillés, illustrés de photographies, décrivant chaque composant des montres examinées.

Il est l’auteur du livre « Vraies et fausses montres : manuel de référence sur les contrefaçons horlogères », dont nous avons pu acquérir quelques exemplaires aimablement dédicacés à l’issue de la conférence. Cet ouvrage contient des images comparatives de montres authentiques et de leurs copies, issues d’une vaste base de données photographiques constituée par Monsieur Guéroux depuis les années 1990.

Pour commencer, il rappelle que les contrefaçons achetées par des particuliers lors de séjours à l’étranger alimentent des organisations souvent liées au grand banditisme et au trafic de drogue. Dans ce cas, l’acheteur, conscient d’acquérir une copie, ne peut pas se considérer comme une victime et s’expose à de lourdes amendes lors des contrôles douaniers.

Avec la multiplication des plateformes de vente de montres d’occasion entre particuliers sur Internet, le risque de tromperie pour l’acheteur s’est considérablement accru — notamment lorsque l’achat s’effectue à distance, par exemple à l’étranger. Dans ce cas, il devient difficile d’obtenir réparation en cas de falsification.

Notre intervenant distingue les contrefaçons de montres modernes de celles des montres vintages. Le cas des montres vintages est particulièrement intéressant : certaines, comme les Rolex, peuvent prendre une valeur considérable simplement en raison d’une variation de texte sur le cadran d’un lot spécifique. Les faussaires peuvent ainsi être tentés de modifier une véritable Rolex en altérant le marquage du cadran afin d’en augmenter frauduleusement la valeur.

Monsieur Guéroux souligne également l’évolution de la qualité des contrefaçons en nous invitant à tenter de distinguer le vrai du faux à travers une série de diapositives extraites de son ouvrage. Par cette activité ludique, proposée à une assemblée d’horlogers issus des plus grandes manufactures genevoises, il démontre à quel point l’identification des contrefaçons est devenue complexe.

La différence réside souvent dans les finitions, en particulier sur les composants invisibles et ceux du mouvement. Tout en faisant défiler de nombreuses photographies de montres prestigieuses — Patek Philippe, Rolex, Omega, etc. — Monsieur Guéroux nous guide pas à pas dans l’analyse des éléments révélateurs.

Sur une copie de Rolex, il nous montre la différence entre les index gravés au laser et ceux usinés de l’original. Sur un autre modèle, seul le détail du marquage « SS » dans l’inscription « SWISS » permet de distinguer l’authentique de la copie.

Ailleurs, c’est un dépôt de Luminova appliqué sur le côté de l’aiguille qui trahit la falsification. Sur certains mouvements, des composants sont purement décoratifs : ils ne sont pas fonctionnels. Les vis ne sont pas bloquées, les bascules ne sont pas anglées, l’usinage est plus grossier, et les vis du balancier à inertie mal finies.D’ailleurs, les vis du balancier ne sont jamais copiées. En somme, tout se joue dans les moindres détails. Notre intervenant en conclut que la meilleure protection contre la contrefaçon reste la qualité.

Aujourd’hui, 70 % des montres contrefaites sont de qualité médiocre, tandis que 30 % présentent une finition de haute qualité. Il arrive même que certains producteurs soient d’anciens sous-traitants asiatiques de grandes marques suisses, qui fabriquent des répliques dans des ateliers clandestins.
Pour affiner l’identification des contrefaçons, Monsieur Guéroux s’intéresse à l’utilisation de technologies avancées telles que la spectrométrie, les rayons X et l’imagerie 3D, tout en explorant les possibilités offertes par l’intelligence artificielle.

À la fin de la conférence nos membres ont posé de nombreuses questions. L’un de nos sociétaires a alors mentionné un procédé de protection contre la copie que je ne connaissais pas non plus, et qui a vivement intéressé notre intervenant. Il s’agit d’un tatouage totalement invisible, réalisé sur la glace de la montre, qui ne devient lisible que sous une lumière ultraviolette.


Puis, notre Président, a remercié Monsieur Guéroux pour cette conférence passionnante en lui remettant un stylo Caran d’Ache en signe de reconnaissance. De plus, Monsieur Guéroux a été admis en tant que membre de la Société des horlogers de Genève.

La soirée s’est achevée sur une note festive avec un généreux buffet arrosé de bons vins, organisé pour l’occasion et la signature des autographes sur les livres mentionnés précédemment.

Texte : Christophe Lyner
 

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