Cotation GPS en horlogerie
Le 15.05.25Une cote, un contrôle, une heure. Etes-vous à la hauteur ? Une conférence sur la cotation GPS de Jérémy Debernardi.
Ce jeudi 15 mai, Monsieur Jérémy Debernardi nous a expliqué l’importance de bien définir tous les contours d’un composant, ainsi que la manière dont la cotation GPS peut nous y aider.
Il précise que l’abréviation GPS n’a aucun lien avec le système de positionnement global par satellite. En réalité, elle signifie « Spécification Géométrique des Produits ».
Comme promis lors de l’invitation à sa conférence, Jérémy commence par nous mettre à l’épreuve avec un exercice en apparence simple : mesurer une cote sur une pièce basique à l’aide d’un comparateur, puis prendre une décision quant à sa conformité au plan.
En effet, cela semble facile, et nous nous prêtons volontiers au jeu en formant de petits ateliers de métrologie, dans lesquels nous mesurons tour à tour l’épaisseur de cette grande pièce en matériau synthétique.
Lorsque notre intervenant nous demande notre verdict, nous éprouvons des difficultés à nous prononcer, car le plan qu’il nous a présenté comporte certaines lacunes. En effet, la pièce symétrique que nous avons mesurée donne des résultats différents selon le côté choisi comme référence.
À travers cet exemple simple, Jérémy nous a démontré l’importance de réaliser des plans clairs et sans ambiguïté, afin d’aligner la conception, la fabrication et le contrôle autour d’un langage technique commun. C’est précisément à cela que sert la cotation GPS.
Pour résumer, Jérémy nous explique que, sur un plan, la tolérance dimensionnelle de type « ± » ne suffit pas : il est nécessaire de recourir aux tolérances géométriques selon la norme ISO GPS.
Le plan constitue un véritable contrat permettant de communiquer entre les services de développement, de méthodes, de fabrication et de contrôle qualité. Lorsqu’il est précis et sans ambiguïté, la compréhension est facilitée, ce qui améliore la qualité de la production — d’où l’importance de ce sujet.
À l’aide d’images amusantes inspirées des personnages du dessin animé Les Simpson, Jérémy poursuit sa conférence en soulignant l’importance de définir d’abord les références. Le concepteur les positionnera en fonction des liaisons de l’assemblage. Elles deviendront ensuite les surfaces de référence pour l’outillage servant à fabriquer les pièces. Lors du contrôle, ce seront également les surfaces d’appui utilisées pour mesurer la pièce.
Sur la base de références judicieusement choisies, une cotation fonctionnelle permet d’éviter de resserrer inutilement les tolérances, de rejeter des pièces pourtant fonctionnelles, d’accepter des pièces non conformes, ou encore de freiner l’évolution des procédés de fabrication. Les spécifications du composant fini sont essentielles pour garantir son interchangeabilité, son assemblage correct et son bon fonctionnement. Du côté de la fabrication, le service Méthodes élabore des plans comportant des cotes intermédiaires de contrôle et de process.
Privilégiant une approche concrète plutôt que des explications purement théoriques, Jérémy nous guide à travers l’exemple de la cotation d’un pont d’ancre. Après avoir défini une référence A sur la surface d’appui du pont, ainsi que les références B et C sur les deux trous d’orientation, il ajoute une tolérance de forme sur les étoqueaux par rapport à A-B-C. Pour le trou destiné à la pierre, il applique une tolérance de position, toujours par rapport à A-B-C. L’ensemble paraît évident, pratique et bien plus rigoureux que les plans encore utilisés dans certaines manufactures ou ceux issus du recueil de normes NIHS
D’ailleurs, Jérémy contribue activement à la mise à jour des modèles de plans figurant dans les ouvrages des normes NIHS, comme en témoignent les exemples affichés au fond de la salle.
Pour se simplifier la tâche, il recommande de créer des modèles standardisés pour les différents composants horlogers issus du décolletage, du fraisage, etc.
Face à l’essor encore imparfaitement maîtrisé de cette méthode de cotation et de tolérancement, Jérémy s’est engagé dans la formation. Il propose désormais des cours en parallèle à son activité à mi-temps au sein d’une grande manufacture genevoise (plus d’informations sur son site internet : www.jedim.ch).
Pour clore cette conférence particulièrement instructive, notre Président Lukas remercie chaleureusement notre intervenant et lui remet un stylo Caran d’Ache en signe de reconnaissance. Lors du repas qui suivra, nous aurons encore l’occasion d’échanger avec Jérémy autour de la cotation GPS dans une ambiance conviviale.
Texte : Christophe Lyner